Réalisateur : Clint Eastwood
Avec : Leonardo Di Caprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Judi Dench, Josh Lucas, Christopher Shyer
Durée : 2h15
Synopsis : Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus
puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e
siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique
pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et
admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait
des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.
Clint Eastwood derrière la caméra, Leonardo Dicaprio devant,
l’histoire de l’homme qui fut pendant un demi-siècle à la tête du FBI.
Tous les ingrédients étaient réunis pour faire des étincelles. Un biopic
ambitieux. Peut-être trop.
J.Edgar Hoover a passé sa vie à collecter les secrets des gens, tout en prenant bien soin de cacher les siens. Un an après Au-delà,
Clint Eastwood repasse derrière la caméra pour nous livrer ce biopic
sans concession sur celui qui fut le fondateur du FBI et le dirigea
pendant 48 ans. Entre sa relation avec sa mère, ses peurs exacerbées,
ses mensonges et sa sexualité, rien n’est épargné à l’homme qui fut
aussi craint qu’admiré.
Habitué aux personnages psychologiquement complexes (Aviator, Shutter Island, Inception…),
Leonardo Dicaprio endosse le costume de Hoover de ses jeunes années
jusqu’à sa mort. Que ce soit dans la peau du jeune carriériste débutant
ou dans celle du vieux Bulldog renfrogné, la star de Titanic
confirme qu’il est l’un des acteurs les plus doués de sa génération.
Une justesse maintenue dans toute l’ambiguïté du personnage : à la fois
déterminé et apeuré, puritain et libertin, grand orateur et dyslexique.
Clint Eastwood en profite pour lever le voile sur le plus grand
secret de J.Edgar : son homosexualité. Sa relation avec son homme de
confiance Clyde Tolson (interprété par Armie Hammer) est le fil rouge de
l’histoire. J.Edgar Hoover aura lutté toute sa vie contre une
homosexualité patente et une mère castratrice (Judi Dench).
Le chef d’œuvre manqué
L’histoire elle-même se déroule sans cesse entre le jeune Hoover et
les dix dernières années de son règne. L’homme raconte son passé à des
biographes, ce qui occasionne des passages temporels au coeur de ses
souvenirs, véritables ou arrangés. Une mise en abime, une histoire dans
l’histoire, servie par des plans minutieusement calculés (le vieux
Hoover rentre dans l’ascenseur, le jeune en sort).
Bénéficiant d’une photographie sublime (des tons ternes, donnant
l’impression d’un “noir & blanc en couleurs”), le film aurait pu
faire partie des œuvres majeures du réalisateur s’il n’avait pas été
aussi flou que le personnage qu’il décrit. Cette temporalité inconstante
rend l’intrigue parfois difficile a suivre et on se perd dans les
évènements.
Le scénario accuse lui aussi quelques défauts. Le film est long à
démarrer et la fin peine à arriver. Certains passages de la vie de
J.Edgar sont mis en avant par rapport à d’autres, alors que des
évènements auraient mérité d’être plus approfondis. Clint Eastwood avait
de la matière à exploiter mais a semblé se perdre lui-même dans son
histoire.
Au final on se retrouve devant un bon biopic, mais on ressort de la salle avec le regret d’un chef d’œuvre manqué.
Retrouvez également cette critique sur http://www.anglesdevue.com/2012/01/15/j-edgar-de-clint-eastwood/
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