mardi 13 décembre 2011

Carnage

Réalisé par : Roman Polanski

Avec : Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly

Durée : 1h20

Synopsis : Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la "victime" demandent à s'expliquer avec les parents du "coupable". Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l'affrontement. Où s'arrêtera le carnage ?



Roman Polanski dissèque avec un glaçant cynisme les mécanismes de la bienséance humaine dans son adaptation de la pièce de théâtre Le Dieu Du Carnage, signée de l'auteur française Yasmina Reza.

En passant des planches au grand écran, l'action est transposée de Paris à New York, l'unique liberté que s'offrira le réalisateur. L'essence de la partition dramatique est conservée : huis clos étriqué, unité de temps et réflexions socio-philosophiques des protagonistes.

Polanski a su adapter avec brio les contraintes de son sujet. La mise en scène est millimétrée, les dialogues ciselés. Si le déroulement du fil rouge est poussif dans les premières minutes, le cinéaste rivalise par la suite d'ingéniosité pour induire au compte-goutte les éléments de discorde : clafouti, livre d'art, téléphone portable... Chaque objet de la pièce devient le déclencheur d'une salve d'échanges aussi inattendus que jouissifs. Son Carnage est diabolique et jubilatoire, et le spectateur prend un plaisir inavouable à voir ces couples sombrer dans la nature la plus primaire de l'Homme : la violence.

Le quatuor de haut vol, mené par le toujours excellent Christoph Waltz, grinçant d'ironie, porte à merveille l'acidité et la douce folie qui vampirisent les convictions les plus inébranlables de leurs personnages. On contemple, étincelle dans l'oeil et lèvres pincées, les alliances et les rapports de force se nouer, se défaire, s'inverser pour s'achever sur le dernier coup de maître de Polanski : une fin aussi abrupte qu’implacable de lucidité.

Un film atypique et singulier, qui ne plaira pas à tous, mais qui saura conquérir ceux qui se laisseront happer par cette interprétation tourbillonnante et rudement percutante.

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