jeudi 17 mai 2012

De rouille et d'os


Réalisé par : Jacques Audiard

Avec : Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Corinne Masiero...

Durée : 1h55

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Pouvez-vous affronter le monde avec vos poings levés, et avancer, sans peur ? Tout tourne autour de cela. Des mots, de la main de l'écrivain Craig Davidson, transcendés à l'écran par le tourbillonnant nouveau fragment de l'oeuvre d'Audiard, fils. Le cinéaste français s'émancipe du microcosme asphyxiant et carcéral d'Un prophète pour composer une symphonie sensorielle en pleine lumière, sous le soleil du Sud de la France. Ali (Matthias Schoenaerts) débarque sans le sou chez sa sœur, à Antibes, avec son fils Sam, qu'il connaît à peine, et une rage sombre qu'on décèle derrière ses yeux clairs. Stéphanie (Marion Cotillard) dresse des orques et se nourrit des égards du public, et des hommes, pour se sentir vivante... jusqu'à ce jour tragique où elle perd ses jambes.

De ces deux êtres mutilés, Audiard orchestre, la veille de l'accident, la rencontre, somme toute banale, à coup de baston en discothèque et de sang sur les lèvres. Il y a une intuition proprement lyrique chez le réalisateur à sublimer, par l'accrochage d'un regard détourné, d'un geste anodin, l'aura insensée de ses acteurs. Après le prince noir Rahim, Audiard s'est trouvé une nouvelle tête brûlée en la silhouette bourrue du flamand Schoenaerts, géniale révélation de Bullhead. Face à lui, Marion Cotillard, muse candide et délicate, transpire de pudeur et de finesse, dans ce qui est sans conteste le plus beau rôle de sa carrière.

C'est que le couple a dans son visage et son jeu cette disposition à incarner tous les subtilités désirées par le metteur en scène. Comme un puzzle privé d'une pièce, Stéphanie s'assemble et se reconstruit par étape, en combattant la dépression et l'envie d'en finir qui l'assiègent . Un long processus qui s'achève enfin lorsqu'elle accepte d'être à nouveau une femme qui désire, et donne du désir. « Moi je suis quoi pour toi ? Une amie ? Une copine ? Un genre de pote ? Si tu veux qu'on continue, faut faire les choses bien » lance Stéphanie, quand la perte de repères se conjugue avec un être cher. Ali, ce mâle brut(e) passé maître dans l'art de transformer son existence en cycle autodestructeur, se montre inapte à faire la différence entre délicatesse affective et délicatesse amoureuse. Tout un pan de la société contemporaine, ce jeu du « j'te baise, moi non plus », cristallisé dans cette frontière amorphe entre amitié et amour. Une fusion des corps, une ambiguïté relationnel comme seul Audiard en a le secret.

Le cinéaste n'omet pas d'ajouter à son histoire d'amour une toile de fond sociale. On y voit, pêle-mêle, des combats de boxe clandestins, comme exaltation de la pure violence masculine ; des pots de yaourt périmés qu'on récupère en douce ; une lutte entre patrons espions et ouvriers épiés. Pourquoi ? Pour ancrer son long-métrage, sublime bulle solaire, dans une ère plus réaliste et dramatique, peut-être. On peine à trouver goût pour ses tribulations, tant subjugués que nous sommes par les instants de grâce du duo, capturés avec sensualité et retenue par la caméra d'Audiard. On est soufflé quand Stéphanie brave son malaise et s'offre une baignade, moignons apparents, sous le regard médusé des vacanciers. On est sidéré quand Ali fait voler en éclat sa prison de glace pour sauver son fils, et son humanité. On est en pleurs quand, dans un lugubre couloir d'hôpital, s'échappe un «  Je t'aime » à peine audible.

Jacques Audiard explore, sans boussole, sa réinterprétation de l'amour et de la renaissance. Sur fond de musique envoûtante,
De rouille et d'os irradie d'une telle maîtrise qu'on ne sort pas indemne de ce flamboyant voyage onirique. L'imperfection filmé à la perfection.
  

mercredi 25 avril 2012

The Avengers

Réalisé par : Joss Whedon

Avec : Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Chris Hemworth, Jeremy Renner, Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Cobie Smulders...

Durée : 2h22

Synopsis : Lorsque Nick Fury, le directeur du S.H.I.E.L.D., l'organisation qui préserve la paix au plan mondial, cherche à former une équipe de choc pour empêcher la destruction du monde, Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, Hawkeye et Black Widow répondent présents.
Les Avengers ont beau constituer la plus fantastique des équipes, il leur reste encore à apprendre à travailler ensemble, et non les uns contre les autres, d'autant que le redoutable Loki a réussi à accéder au Cube Cosmique et à son pouvoir illimité...


Sept ans. C'est le temps qu'il aura fallu au projet fou des Avengers pour sortir des cartons des studios Marvel. Dès avril 2005, le président Avi Arad annonce le projet de développer un long-métrage inspiré de la célèbre bande-dessinée. Plus qu'un film pop-corn, Marvel veut construire une véritable saga cinématographique, présentant séparément chaque super-héros.

Lancé avec Iron Man en 2008, l' « initiative » Avengers emprunte aux comics sa principale composante : un univers commun ancré dans la réalité, où les histoires sont amenées à se croiser et les héros réunis dans un crossover. Iron Man, Hulk, Captain America ou Thor, autant de héros cultissimes dans ce cocktail reprenant à la perfection tous les ingrédients d'un blockbuster de gros calibre. Le casting grand luxe (savoureux Robert Downey Jr.) porte à merveille les habiles punchlines comiques du scénario. Avec un budget colossal (220 millions de dollars), la superproduction se shoote à l'adrénaline et distille avec générosité un maelström de scènes d'action à couper le souffle. C'est bien simple : on avait rien vu d'aussi spectaculaire depuis le Matrix des frères Wachowski. Loin d'être un simple gadget, le relief 3D revêt ici une dimension saisissante plongeant le spectateur au cœur du rythme effréné. Jouissif !



L'éclatante réussite des Avengers ne tient qu'au travail d'un seul homme : Joss Whedon. Un réalisateur surtout connu pour être le papa de la série emblématique des années 2000, Buffy contre les vampires. Marvel a pris le risque inspiré d'engager cet outsider peu expérimenté (1 seul film à son actif) pourtant loin d'être un novice. Scénariste chevronné et influent, nominé aux Oscars pour Toy Story, Whedon possède le profil idéal du génie visionnaire capable d'écrire un script suffisamment intelligent pour faire cohabiter des héros charismatiques, sans jamais les laisser s'éclipser entre eux. Ce n'est pas un hasard : fanboy respectueux, il a lui-même participé à l'écriture de certains comic-books de la franchise.

Whedon est bien plus qu'un réalisateur : c'est un alchimiste ; un savant fou sachant contenter aussi bien les nouveaux spectateurs que les fans de la première heure. Avengers est tissé de clins d'oeil et de références subtiles à l'univers Marvel. On pourrait presque deviner derrière la silhouette de l'agent Coulson (Clark Gregg), un passionné collectionnant les images Panini des idoles avec qui il travaille, le reflet du réalisateur. Whedon, comme un gamin dirigeant ses jouets pour de vrai, ne perd jamais le point de vue du spectateur. En maîtrisant son sujet sur le bout des doigts, il réussit à imposer sa patte : un montage vif et ciselé, une cohérence narrative magnifiée par des effusions d'humour toujours opportunes, une chronique sur l'éclatement du cocon familial et la prise en main de son destin.



Plus qu'un objet high-tech bien huilé, Avengers s'impose comme l'un des tout meilleurs films de super-héros de la décennie, aux côtés du Dark Knight de Christopher Nolan et des Watchmen de Zach Snyder. Et le public ne s'y est pas trompé : en s'adjugeant la 3ème place des plus gros succès au box-office de tous les temps (!), Avengers ouvre la voie à une ère de suprématie sans partage. L'attente jusqu'au prochain opus, annoncé par la traditionnelle séquence post-générique, risque d'être insoutenable...

samedi 25 février 2012

Les César 2012 se métamorphosent, mais pas trop quand même

Chaque année, c'est la même rengaine. En préambule des Oscar du cinéma, la cérémonie la plus prestigieuse du 7ème art français livre son verdict. Comme d'habitude, il y a des heureux (beaucoup), des déçus (nombreux), des polémiques (toujours), des pleurs (sincères?), de l'ennui (forcément) et du rire (réussi... ou pas).

Ce cru 2012 fit honneur à son héritage. Antoine de Caunes, maître de cérémonie rock'n'roll et résolument provoc', a tapé l'incruste dans les films nommés, proposé des joints aux perdants et nous plaçait sans subtilité son running-gag acide à l'encontre du gouvernement. Exit la culotte de Sara Forestier, la sensation charme de cette édition se nichait au creux du décolleté plongeant d'une Kate Winslet hilare devant le discours savoureux de Michel Gondry. Kad Merad s'est de nouveau octroyé la place convoitée de boulet de la soirée dans une belle chute improvisée (hum). Julie Ferrier nous a prouvé, avec une exquise prestation (après 2009), qu'elle était la valeur sûre comique de l'émission, et Mathilde Seigner qu'elle était fatalement le pendant féminin de Gérard Depardieu. Mathieu Kassovitz s'est glissé dans la peau de l'invité surprise venu « honorer sa promesse », dans une apparition très inspirée quelques jours après avoir dit « enculer le cinéma français » sur Twitter. Sur la forme donc, la recette est gagnante et s'est vue, à juste titre, récompensée de sa meilleure audience historique (3,9 millions de téléspectateurs).

Sur le fond, il y aurait beaucoup à redire sur le palmarès de cette 37ème édition. Polisse, en tête des nominations, n'est repartie qu'avec 2 statuettes (Meilleur espoir féminin, Meilleur montage), là où attendait au moins le César du meilleur réalisateur ou du meilleur film (en garde alternée avec The Artist). Drive, grand oublié de l'année, s'est de nouveau fait moucher - certes, par Une Séparation qui n'a pas volé son titre de Meilleur film étranger - et La Guerre est déclarée est rentrée bredouille. The Artist, avec 6 César dont Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleure actrice, entre un peu plus dans la légende du cinéma (en attendant les Oscar dimanche), au grand dam de ses détracteurs. L'Exercice de l’État a joué l'outsider en raflant 3 prix dont celui du Meilleur scénario et du Meilleur second rôle masculin, comme Angèle et Tony qui s'est offert le double prix du Meilleur espoir masculin et féminin.

La vraie controverse provient, bien sûr, de la victoire d'Omar Sy dans la catégorie Meilleur acteur. Ce n'est pas tant sa victoire qui alimente les débats les plus passionnés, mais plutôt l'échec de Jean Dujardin, qui se voit privé de sa statuette dans un esprit si français de contradiction. La première embûche, prévisible, d'un parcours sans faute et d'un grand chelem unique qui devait comprendre Festival de Cannes-Golden Globe-Bafta-Goya-César-Oscar. A l'évidence, la surmédiatisation excessive et la Dujardin-mania ont lassé les votants qui ont préféré salué la performance d'un acteur qui porte sur ses épaules Intouchables et ses quelques 19 millions de spectateurs. Qu'on ne s'y trompe pas, Omar Sy mérite son prix ; Dujardin le méritait juste un peu plus.

Derrière cette récompense, il faut déceler le premier coup d'éclat d'un nouveau virage (et visage) pour les César. On a souvent reproché à la cérémonie de récompenser le genre dramatique, de ne soutenir que des films confidentiels en repoussant systématiquement toute once de succès public. La comédie, longtemps oubliée, avait timidement retrouvé des couleurs l'année passée avec les nominations multiples de l'Arnacoeur et du Nom des Gens. Le classicisme, tant décrié, laissait enfin place à un vent de fraîcheur et de spontanéité. Le couronnement d'Omar Sy inscrit définitivement les César dans une optique résolument plus populaire. Une façon de se rapprocher de l'essence même du 7ème art : partager de l'émotion, un voyage, un instant, un rêve avec son public. Ce spectateur, c'est lui la muse du cinéaste. C'est lui, le juge suprême, qui décide si tel ou tel film restera dans la postérité. Sa sélection n'est pas toujours objective, parfois même cruellement injuste, mais toujours honnête et sincère. Et c'est probablement ce spectateur qu'ont voulu récompensé ces César au travers de ce sacre.

Alors dans une année 2011 exceptionnellement riche pour le cinéma français, il faut saluer un millésime porté par l'excellence et tourné vers l'avenir.

Comme l'a brillamment souligné Antoine de Caunes en conclusion de cette belle soirée :
«
Gloire aux vainqueurs, honneur aux vaincus ».

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Le Palmarès complet



Meilleur espoir féminin (remis par Tahar Rahim)

GAGNANTE EX-AEQUO : Clotilde Hesme dans Angèle et Tony

GAGNANTE EX-AEQUO : Naidra Ayadi dans Polisse

Adèle Haenel dans L'Apollonide, souvenirs de la maison close

Céline Sallette dans L'Apollonide, souvenirs de la maison close

Christa Theret dans La Brindille


Meilleur acteur dans un second rôle (remis par Mathilde Seigner)

GAGNANT : Michel Blanc dans L'Exercice de l'Etat

Nicolas Duvauchelle dans Polisse

Joey Starr dans Polisse

Bernard Le Coq dans La Conquête

Frédéric Pierrot dans Polisse


Meilleurs costumes (remis par Helena Noguerra)

GAGNANT : L'Apollonide

My Little Princess

The Artist

La Source des femmes

Les femmes du 6e étage


Meilleurs décors (remis par Helena Noguerra)

GAGNANT : The Artist

L'Apollonide

Les Femmes du 6e étage

L'Exercice de l'Etat

Le Havre


Meilleur film d'animation (remis par Alexandre Astier)

GAGNANT : Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

Le Tableau de Jean-François Laguionie

Le Cirque de Nicolas Brault

Un monstre à Paris d'Eric Bergeron

La Queue de la souris de Benjamin Renner


Meilleur espoir masculin (remis par Aure Atika)

GAGNANT : Grégory Gadebois dans Angèle et Tony

Pierre Niney dans J'aime regarder les filles

Nicolas Bridet dans Tu seras mon fils

Guillaume Gouix dans Jimmy Rivière

Dimitri Storoge dans Les Lyonnais


Meilleur premier film (remis par Sylvie Testud)

GAGNANT : Le Cochon de Gaza de Sylvain Estibal

17 filles de Muriel et Delphine Coulin

Angèle et Tony d'Alix Delaporte

La Délicatesse de Stéphane et David Foenkinos

My Little Princess d'Eva Ionesco


Meilleur documentaire (remis par Julie Ferrier)

GAGNANT : Tous au Larzac de Christian Rouaud

Le Bal des menteurs de Daniel Leconte

Crazy Horse de Frederick Wiseman

Ici on noie les algériens de Yasmina Adi

Michel Petrucciani de Michael Radford


Meilleure musique originale (remis par Alice Taglioni)

GAGNANT : The Artist

L'Apollonide

Les Bien-aimés

Un Monstre à Paris

L'Exercice de l'Etat


Meilleur actrice dans un second rôle (remis par Ked Merad)

GAGNANT : Carmen Maura dans Les femmes du 6e étage

Zabou Breitman dans L'Exercice de l'Etat

Anne Le Ny dans Intouchables

Noémie Lvovsky dans L'Apollonide, souvenirs de la maison close

Karole Rocher dans Polisse


Meilleur court-métrage (remis par Audrey Fleurot, Zoé Félix et Olivia Bonamy)

GAGNANT : L'Accordeur d'Olivier Treiner

La France qui se lève tôt d'Hugo Chesnard

J'aurais pu être une pute de Baya Kasmi

Un monde sans femmes de Guillaume Brac

Je pourrais être votre grand-mère de Bernard Tanguy


Meilleur scénario original (remis par Sara Forestier)

GAGNANT : L'Exercice de l'Etat

La Guerre est déclarée

The Artist

Polisse

Intouchables


Meilleure photographie (remis par Mathieu Kassovitz)

GAGNANT : The Artist

Polisse

L'Apollonide

L'Exercice de l'Etat

Intouchables


Meilleure adaptation (remis par Frédéric Beigbeder)

GAGNANT : Carnage

Omar m'a tuer

L'Ordre et la morale

La Délicatesse

Présumé coupable


Meilleur montage (présenté par Valérie Bonneton)

GAGNANT : Polisse

The Artist

L'Exercice de l'Etat

La Guerre est déclarée

Intouchables


Meilleur son (présenté par Valérie Bonneton)

GAGNANT : L'Exercice de l'Etat

Intouchables

L'Apollonide

Polisse

La Guerre est déclarée


Meilleur film étranger (présenté par Laurent Lafitte)

GAGNANT : Une Séparation d'Asghar Farhadi

Incendies de Dennis Villeneuve

Le Gamin au vélo de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne

Black Swan de Darren Aronofsky

Drive de Nicolas Winding Refn

Le Discours d'un roi de Tom Hooper

Melancholia de Lars Von Trier


Meilleur réalisateur (présenté par Julie Depardieu et Eric Elmosnino)

GAGNANT : Michel Hazanavicius (The Artist)

Maïwenn (Polisse)

Valérie Donzelli (La Guerre est déclarée)

Alain Cavalier (Pater)

Eric Toledano et Olivier Nakache (Intouchables)

Aki Kaurismaki (Le Havre)

Pierre Schoeller (L'Exercice de l'Etat)


Meilleure actrice (présenté par Gilles Lellouche)

GAGNANTE : Bérénice Béjo dans The Artist

Ariane Ascaride dans Les Neiges du Kilimandjaro

Leïla Bekhti dans La Source des femmes

Marie Gillain dans Toutes nos envies

Valérie Donzelli dans La Guerre est déclarée

Marina Foïs dans Polisse

Karin Viard dans Polisse


Meilleur acteur (présenté par Nicole Garcia)

GAGNANT : Omar Sy dans Intouchables

François Cluzet dans Intouchables

Jean Dujardin dans The Artist

Sami Bouajila dans Omar m'a tuer

Olivier Gourmet dans L'Exercice de l'Etat

Philippe Torreton dans Présumé coupable

Denis Podalydès dans La Conquête


Meilleur film (présenté par Guillaume Canet)

GAGNANT : The Artist de Michel Hazanavicius

La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli

L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller

Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Polisse de Maïwenn

Le Havre d'Aki Kaurismaki

Pater d'Alain Cavalier


César d'honneur : Kate Winslet



dimanche 15 janvier 2012

J.Edgar

Réalisateur : Clint Eastwood

Avec : Leonardo Di Caprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Judi Dench, Josh Lucas, Christopher Shyer

Durée : 2h15

Synopsis : Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.



Clint Eastwood derrière la caméra, Leonardo Dicaprio devant, l’histoire de l’homme qui fut pendant un demi-siècle à la tête du FBI. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire des étincelles. Un biopic ambitieux. Peut-être trop.



J.Edgar Hoover a passé sa vie à collecter les secrets des gens, tout en prenant bien soin de cacher les siens. Un an après Au-delà, Clint Eastwood repasse derrière la caméra pour nous livrer ce biopic sans concession sur celui qui fut le fondateur du FBI et le dirigea pendant 48 ans. Entre sa relation avec sa mère, ses peurs exacerbées, ses mensonges et sa sexualité, rien n’est épargné à l’homme qui fut aussi craint qu’admiré.

Habitué aux personnages psychologiquement complexes (Aviator, Shutter Island, Inception…), Leonardo Dicaprio endosse le costume de Hoover de ses jeunes années jusqu’à sa mort. Que ce soit dans la peau du jeune carriériste débutant ou dans celle du vieux Bulldog renfrogné, la star de Titanic confirme qu’il est l’un des acteurs les plus doués de sa génération. Une justesse maintenue dans toute l’ambiguïté du personnage : à la fois déterminé et apeuré, puritain et libertin, grand orateur et dyslexique.
Clint Eastwood en profite pour lever le voile sur le plus grand secret de J.Edgar : son homosexualité. Sa relation avec son homme de confiance Clyde Tolson (interprété par Armie Hammer) est le fil rouge de l’histoire. J.Edgar Hoover aura lutté toute sa vie contre une homosexualité patente et une mère castratrice (Judi Dench).
J.Edgar - 4 

Le chef d’œuvre manqué

L’histoire elle-même se déroule sans cesse entre le jeune Hoover et les dix dernières années de son règne. L’homme raconte son passé à des biographes, ce qui occasionne des passages temporels au coeur de ses souvenirs, véritables ou arrangés.  Une mise en abime, une histoire dans l’histoire, servie par des plans minutieusement calculés (le vieux Hoover rentre dans l’ascenseur, le jeune en sort).
Bénéficiant d’une photographie sublime (des tons ternes, donnant l’impression d’un “noir & blanc en couleurs”), le film aurait pu faire partie des œuvres majeures du réalisateur s’il n’avait pas été aussi flou que le personnage qu’il décrit. Cette temporalité inconstante rend l’intrigue parfois difficile a suivre et on se perd dans les évènements.
J.Edgar - 5
Le scénario accuse lui aussi quelques défauts. Le film est long à démarrer et la fin peine à arriver. Certains passages de la vie de J.Edgar sont mis en avant par rapport à d’autres, alors que des évènements auraient mérité d’être plus approfondis. Clint Eastwood avait de la matière à exploiter mais a semblé se perdre lui-même dans son histoire.
Au final on se retrouve devant un bon biopic, mais on ressort de la salle avec le regret d’un chef d’œuvre manqué.

Retrouvez également cette critique sur http://www.anglesdevue.com/2012/01/15/j-edgar-de-clint-eastwood/

samedi 7 janvier 2012

Comme un air de déjà vu


L'originalité du cinéma américain est-elle morte ? Ces derniers temps la mode outre-atlantique est aux reboots, remakes et autres suites de films. 2012 commence à peine et s'annonce déjà comme une grosse année en terme de blockbuster à la sauce « déjà vu ». Comment expliquer cette direction prise par Hollywood ?

Batman The Dark Knight Rises, Madagascar 3, Men in Black 3, et bien d'autres. En 2012, une quinzaine de suites allant du numéro deux au numéro quatre sont en préparation. À cela s'ajoutent des remakes comme Millenium : l'homme qui n'aimait pas les femmes ou encore des reboots comme The Amazing Spider-Man. En tout, c'est au minimum une trentaine de films dont le scénario sera tiré de scenarii déjà existants ou d'éléments pré-établis qui débarqueront dans les salles obscures durant l'année. Une tendance qui ne va pas aller en diminuant puisque plusieurs films sont déjà dans les cartons pour 2013 comme Iron Man 3 ou Total Recall (le remake bien entendu).

À quoi faut-il s'attendre ?

Il va y avoir encore plus de surproductions « pop-corn » en 2012 qu'il n'y en a eu en 2011. Malgré le manque d'originalité, les bénéfices risquent d'être élevés grâce à des bandes-annonces alléchantes et une publicité omniprésente. De quoi réduire encore un peu le champ de vision des films plus indépendants voulant passer au travers du filet. Hormis les « films à Oscars » comme Black Swan et Le Discours d'un Roi, les productions à petits budgets risquent fort d'avoir du mal à sortir du lot et trouver son public. Le cinéma américain s'appauvrit artistiquement mais s'enrichit financièrement grâce à ses films « standardisés ».

Ces films marchent-ils vraiment ?

Plusieurs remakes ou reboots sont parfois des bides monumentaux pour les producteurs. Il n'y a qu'a voir Conan (remake du film éponyme de 1980) qui n'a réalisé que 16 millions de dollars de recettes alors qu'il en a coûté 90 millions. Mais en contrepartie les succès de l'été sont quasi uniquement des suites. Harry Potter 7 en tête de podium est l'un des plus gros succès de tous les temps (plus d'un milliard de dollars) suivi par Transformers 3 et Pirates des Caraïbes 4. Sur les vingt films qui ont été en tête du box-office américain cet été, seul trois sont des nouveautés.

Comment expliquer cette tendance ?

Paradoxalement, la hausse des recettes s'accompagne d'une baisse de la fréquentation des salles. Les gens vont moins au cinéma, mais payent plus cher (notamment à cause de la 3D). Du coup, les studios, qui ont aussi été victimes de la crise de 2008, se montrent plus frileux. Ils préfèrent miser sur des valeurs sûrs qui rapportent. Les suites sont l'exemple de cette frilosité : on ne change pas une équipe qui gagne. Et pour faire revenir un public plus âgé, le remake du film des années 80 est à la mode, comme une sorte de campagne « venez redécouvrir les films de votre enfance dans une nouvelle version ». Tant que le déjà vu fait recette, l'originalité aura du mal à s'imposer.

Et la France dans tout ça ?

Même si le cinéma français ne s'est pas encore lancé dans les remakes et autres reboots, la folie des suites est belle et bien là. Entre La Vérité si je mens! 3 ou L'élève Ducobu 2, le cinéma français ne succombe pas aux blockbusters (le manque de moyens y fait pour beaucoup) mais donne une suite à ses comédies à succès. Quant à savoir si un jour les reboots et remakes auront leur place en France, certaines suites ont déjà des allures de reboot (la saga des Astérix a presque chaque fois renouvelé entièrement son casting).


Retrouvez également cette analyse sur Publik'Art à l'adresse http://publikart.net/le-cinema-americain-comme-un-air-de-deja-vu-par-allan-blanvillain

mercredi 4 janvier 2012

Malveillance


 Réalisateur : Jaume Balagueró

Acteurs : Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan

Durée : 01h42

Synopsis : César est un gardien d’immeuble toujours disponible, efficace et discret. Disponible pour s’immiscer dans la vie des habitants jusqu’à les connaître par cœur ; discret quand il emploie ses nuits à détruire leur bonheur ; efficace quand il s’acharne jusqu’à l’obsession sur Clara, une jeune femme insouciante et heureuse…



Gênant, malsain, angoissant, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le nouveau film du réalisateur de Rec. Horreur et images gores sont abandonnes pour laisser place à un huit-clos oppressant entre la victime et son bourreau. Pas de décor, de personnages superflus, les gros plans sur César suffisent à inspirer la dose de terreur qu'il convient.

Luis Tosar incarne un César dans toute son ambiguïté, à la fois pervers sociopathe souriant aux malheurs des autres, et homme désespéré au bord du suicide. Car toute la force du film est là. En choisissant de faire de son « monstre » un personnage de premier plan, Jaume Balagueró lui insuffle une touche d'humanité, et on se surprend à espérer parfois qu'il s'en sorte.

Mais on regrette qu'à trop vouloir suggérer les choses, le réalisateur ne pousse pas assez loin le vice lors de certaines scènes, comme avait pu le faire Michael Haneke avec son Funny Games. Malveillance avait la volonté, il ne lui restait plus qu'à oser.


Retrouvez également cette critique sur Publik'Art à l'adresse :
http://publikart.net/malveillance-un-film-de-jaume-balaguero?utm_source=PublikArt&utm_medium=twitter&utm_campaign=Feed%3A+Publikart+%28Publik%27Art%29

mardi 27 décembre 2011

2011, la rétrospective


A toute fin d'année, son bilan !

Tops et flops, performances d'acteurs et d'actrices, top 3 des réalisateurs, meilleures bandes-son... Coup de projecteur sur le cinéma made in 2011.


Flops de l'année


10 - Very Bad Trip 2

Autant mettre fin au suspens : oui, on se marre comme des veaux devant la suite du génial Very Bad Trip. Oui, Zach Galifianakis est toujours aussi savoureux. Non, ne cherchez aucune originalité : Todd Philips se contente de nous refourguer sensiblement la même trame narrative. Gags et situations rocambolesques sont paralysés par une persistante impression de déjà-vu. Dommage...

9 - True Grit

Le nouveau film des frères Cohen avait tout pour briller : un western épique à travers une sombre histoire de vengeance, un casting grand luxe (Bridges, Damon, Brolin), une excellente critique outre-atlantique... S'il faut reconnaître la qualité de l'interprétation, l'ensemble pêche par un flagrant manque d'ambition. Les scènes d'action sont rares et l'aventure promise retombe comme un soufflet. Décevant.

8 - Somewhere

Un long-métrage sur le vide intérieur d'une rockstar, aussi vide que son scénario. Reste le touchant duo Stephen Dorff-Elle Fanning. Voilà.

7 - Rango

On s'ennuie un peu devant ce lézard aux yeux globuleux à la voix de Johnny Depp. Certes, les graphismes - bluffants - et l'humour sont présents. Mais à trop osciller entre film pour enfants et références aux adultes, on ne sait plus bien à qui parle le film. Le rythme lent nous assomme comme un soleil de plomb. Bof.

6 - Bad Teacher

Vendue comme une comédie trash et une interprétation délurée, on est loin d'être conquis par la lourdeur des blagues et le happy end méga prévisible. Le scénario est inexistant. Reste la prestation sympathique de Cameron Diaz. Mouais.

5 - Le Flingueur

Trop de Statham tue le Statham.

4 - Green Lantern

Il fallait regarder du côté de l'Hornet pour trouver un Green résolument fun et de bonne facture, cette année.

3 - Twilight 4 partie 1

Le rouleau compresseur commercial au service du hold-up de la décennie de l'année.
Un bon divertissement, contre son gré.


2 - La Guerre des Boutons x2

La formidable et délicieuse guéguerre franco-française qui nous rappelle que le cinéma, c'est aussi une histoire de fric. Merci bien.

1 - Thor

Un louable et charitable effort pour nous conforter dans l'idée que le massacre des super-héros relève du génocide. Les acteurs luttent avec mérite, mais rien n'y fait : le film est une catastrophe de niaiserie, qui ne vaut que pour ses belles couleurs. Très, (très) léger.


Tops de l'année


10 - La Piel Que Habito

Almodovar signe son premier thriller et orchestre une terrifiante symphonie sur fond de vendetta à coups de scalpel. Noir, violent et d'un érotisme envoûtant, le film transgresse les interdits et se paie le luxe d'un twist aussi diabolique que controversé. Troublant !


9 - Sucker Punch

Le vilain petit canard de 2011 ! Derrière le fantasme geek de Zach Snyder et la horde de sexy badass du cast, se dessine un scénario à double tiroirs tissé avec intelligence. Visuellement superbe, accompagné d'une bande-son ravageuse, le blockbuster cultive la démesure pour nous conter la plus belle quête de rédemption de l'année.

8 - Fighter

Des acteurs impériaux, emportés par le méconnaissable Christian Bale, pour un portrait intense et authentique du champion de boxe Micky Ward. Une réalisation tour-à-tour nerveuse et poignante, au cœur d'une famille dézinguée mais, toujours, unie. De haute voltige.

7 - Polisse

Une plongée façon Maïwenn, mi-docu mi-fiction, dans les entrailles de la brigade de protection des mineurs de Paris. Servie par une implication sans faille des comédiens et de l'écorché vif Joey Starr (définitivement acteur), on est happé et frappé de plein fouet par cet édifiant sérum de vérité.

6 - Carnage


L'art polanskien de monter un huit clos étriqué débordant d’ingéniosité et de cynisme. Médusé par un quatuor d'exception, le spectateur prend un plaisir inavouable à voir ces couples sombrer dans une douce folie. Jouissif et jubilatoire.

5 - Intouchables

Parce qu'un film porté à bout de bras par l'irrésistible duo François Cluzet-Omar Sy, parce qu'une comédie explosive et délicieusement mordante sur un thème aussi casse-gueule que l'handicap, parce qu'une leçon de vie et un hymne à la tolérance fédérant plus de 14 millions de français et qui devient un phénomène culturel, ça ne s'improvise pas.

4 - The Artist

Michel Hazanavicius réussit l'exploit de revenir à la merveilleuse époque du muet et du noir et blanc, au moment où l’industrie ne jure que par la 3D. Le film, petit bijou de fantaisie, est un vibrant hommage à un âge d'or perdu du cinéma. Jean Dujardin et Bérénice Bejo, en couple intemporel, frôlent la perfection – et s'offrent le rôle de leurs vies.

3 - The Tree Of Life

Pourquoi s'évertuer à coucher sur papier des mots, qui jamais ne convaincront ceux qui ne l'ont pas aimé, ni ne rendront suffisamment hommage à l'un des plus grands films de la décennie ? Une expérience cinématographique indescriptible, un chef d'oeuvre instantané.

2 - Drive

Un nightcall lancé en pleine jungle urbaine... Un driver magnétique, regard bleu acier, mains gantées de cuir, figé dans son mutisme... Des tâches de sang qui se mêlent aux gouttes d'huile et au cambouis... Il n'en fallait pas plus pour ériger la pépite de Nicolas Winding Refn en claque de l'année. En témoigne la splendide scène d'ouverture, d'une puissance et d'une classe folle...

1 - Black Swan

Qui d'autre pour ravir cette 1ère place ? Le diamant noir d'Aronofsky est d'une virtuosité et d'une beauté sanguinolente incomparable. Haletant, terrifiant mais terriblement séduisant, cette glaçante introspection schizophrénique est portée de bout en bout par une Natalie Portman qui y donne toute son âme. On ne ressort pas indemne de ce final à couper le souffle. Grandiose.


Et aussi : Animal Kingdom, le Discours d'un Roi, Les Chemins de la Liberté, Minuit à Paris, Hugo Cabret, Harry Potter, Tintin.


/!\ Oeuvres non classées car non visionnées : Shame, La Guerre Est Déclarée, Une Séparation, Blue Valentine, Another Earth.


Meilleures actrices de l'année


3 - Kirsten Dunst

La sensation de Melancholia, c'est elle. Une actrice « ressuscitée », qui se plaît à jouer sur les paradoxes ; alors qu'elle sort d'une dépression qui l'a tenu éloignée des plateaux pendant 2 ans, elle personnifie la morose et désenchantée Justine. Nourrie par sa propre expérience, elle transcende de vérité le tableau apocalyptique dressé par Lars Von Trier. Et s'offre la plus belle et fascinante scène de l'année : une sublime et délicieuse baignade au clair de lune, entièrement nue...

2 - Jessica Chastain

Muse candide et délicate de Terrence Malick dans The Tree of Life, Jessica Chastain semble tout droit provenir de l'Amérique des années 60. Une chevelure flamboyante et rétro, une douceur maternelle et surtout, surtout, une puissance de jeu à la Isabelle Huppert et Julianne Moore (ses idoles) : Jessica Chastain est déjà la nouvelle coqueluche du cinéma. Quatre films en 2011 (dont La Couleur des Sentiments et Killing Fields) et à l'affiche d'une des plus prometteuses nouveautés de 2012 (Take Shelter, 4 janvier)... Même si elle se défend vouloir devenir star, son parcours semble déjà tout tracé.

1 - Natalie Portman

Il ne manquait plus que ça pour consacrer Natalie Portman : un rôle audacieux, ambitieux, démesuré à la hauteur (et quelle hauteur) du talent de celle que tout le monde s'accordait à dire « c'est une actrice née ». Cygne éclatant de lumière et d'ombre, la perle d'Aronofsky dans Black Swan incarne avec une affolante passion la fragile Nina, avec toute la grâce et la brutalité qu'exige ce plongeon dans la démence. Le rôle de sa vie, Natalie y a mis toute son âme et son énergie. Et désormais, Portman née plus : elle est.


Et aussi : Carrey Mulligan (Drive, Shame, Never Let Me Go), Emily Browning (Sucker Punch, Sleeping Beauty), Chloë Grace Moretz (Hugo Cabret, Killing Fields).


Meilleurs acteurs de l'année


3 - Jean Dujardin

Et si l'Oscar du meilleur acteur revenait cette année à un petit frenchy ? Ce serait une grande première dans l'Histoire du cinéma français, et ce serait loin d'être usurpé ! Splendide et métamorphosé dans la peau de George Valentin, l'acteur irradie de fougue et de malice dans le décor si singulier d'un film en muet, et en noir et blanc. Sensible et bouleversante, complétée par une justesse de ton et d'émotions, sa prestation est une pure (et rare) merveille de cinéma.
Un Artist au firmament de son talent...

2 - Michael Fassbender

Fascinant ce Fassbender. Qu'il campe un Magnéto au passé douloureux dans X-Men : First Class, un psychanalyste refoulant ses désirs dans A Dangerous Method et surtout un sex-addict dans Shame, force est de constater la puissance et la dextérité de jeu de l'acteur allemand. Une valeur sûre, exploitant avec une remarquable habileté le potentiel placé en lui, qui a déjà conquis tous les professionnels d'Hollywood.

1 - Ryan Gosling

Incontestablement, LE rookie of the year. Celui qui explose ( trop tardivement) et que tout le monde s'arrache. Blue Valentine, Crazy-Stupid-Love, Les Marches du Pouvoir, Drive, soit un drame déchirant, une comédie jouissive, un thriller politique et un film d'action survolté. Un quadruplé sans faute pour l'acteur, qui prouve qu'avoir une belle gueule et faire des choix artistiques et intelligents, oui, c'est conciliable. La révélation de 2011.


Et aussi : Joel Edgerton (Animal Kingdom, The Thing, Warrior), James Franco (127 heures, La Planète des Singes), Andy Serkis (Tintin, La Planète des Singes)


Meilleurs réalisateurs de l'année


3 - Steven Spielberg

2011 aura marqué le comeback de Spielberg derrière la caméra, et avec la manière ! Le pari fou qu'est l'adaptation sur grand écran du cultissime Tintin est relevé avec brio. Non content d'offrir le summum du film d'animation avec sa performance capture, Spielberg goûte pour la première fois aux joies de la 3D et propose une grande œuvre, brillante d'audace et de créativité. Si l'on ajoute la sortie imminente de Cheval de Guerre et la production d'une pléiade de blockbusters (Cowboys & Envahisseurs, Transformers 3, Super 8), sa place sur le podium est toute légitime.

2 - Darren Aronofsky

Cinéaste surdoué, Aronofsky nous assène avec Black Swan la preuve (s'il en fallait encore une) qu'il est l'un des tous meilleurs réalisateurs de sa génération. Captant avec une intensité rare la complexité de la perfection humaine, la caméra d'Aronofsky immerge, envoûte et retourne l'esprit du spectateur. Un piège diabolique orchestré d'une main d'orfèvre, à coups de scènes troublantes et d'un final en apothéose.

1 - Nicolas Winding Refn

Cannes ne s'est pas trompé en couronnant la mise en scène de Drive. Le réalisateur danois a pris le risque (payant) de s'éloigner des codes du driver-movie. Rythme lent et immersif, plans nerveux impeccablement maîtrisés (la course-poursuite en introduction) et scènes chocs (l’ascenseur... !), Nicolas Winding Refn réinvente le polar vintage et stylé.
Du très, très grand art.


Meilleures bandes-son de l'année


3 - Tron Legacy

Le rendez-vous était pris depuis vingt ans, et bien plus. Daft Punk, génie de la french touch, ne pouvait décemment pas ignorer l'appel de Tron, source inépuisable d'inspiration pour le groupe, de son architecture futuriste à ses mélodies résolument géométriques. Un coup de foudre rêvé et si évident, qui accouchera d'une OST « phara-tronique », entre orchestre symphonique et beats électriques. Jouissif !

2 - Sucker Punch

Un juke-box explosif composé d'une pléiade de reprises aux rifts endiablés et tapageurs : voilà de quoi relever l'énergie débordante et sans limite de l'imaginatif Zach Snyder. De Bjork à Skunk Anansie en survolant du Queen, la bande-son de Sucker Punch ne se refuse rien. Pas même un splendide duo crescendo entre Emily Browning (héroïne du film) et l'israélien Yoav, sur l'imparable Where Is My Mind ? des Pixies...
On en redemande !

1 - Drive

Attention, classique instantané ! Enivrée par les sonorités électro-eighties et la noirceur de son sujet, la bande-son de Drive rivalise de morceaux planants et excessivement mécaniques. Nightcall de Kavinsky - évidemment - en est la plus belle vitrine, mais le travail fourni par Cliff Martinez insuffle au film une mélancolie sombre et mystérieuse qui force l'admiration. Un must-have !