conception d'un enfant. Évènement qui n'est pas toujours
si heureux que ça.
Barbara (Louise Bourgoin) et Nicolas (Pio Marmai) sont heureux ;
Elle l'aime, il l'aime, ils veulent fonder une famille, avoir un enfant.
Décision dont ils ne mesurent pas les conséquences. Neuf mois
avant la naissance, puis neuf mois après, Barbara va réaliser que la
maternité ce n'est pas forcement le « plus beau jour de la vie d'une
femme » comme le monde lui avait toujours prétendu. Elle va rentrer
dans une spirale infernale de fatigue, de doute, où elle devra jongler
entre son avenir professionnel qui s'assombrit, un compagnon
qu'elle voit de moins en moins, une belle-mère envahissante (Gabrielle
Lazure), et une mère avec qui elle ne s'entend pas (Josiane
Balasko).
Dans ce film le réalisateur du Premier jour du reste de ta vie, Rémi
Bézançon, dépeint sans concession les bouleversements que provoque
la naissance d'un enfant. Tiré du livre d' Eliette Abecassis, il
fait une adaptation plus colorée mais toujours autant introspective,
où les personnages sont fouillés physiquement (Les cernes de Barbara
au fil du film) et mentalement (chaque étape de la détresse du
couple est mise en valeur). Au final, l'écrivain elle-même en parle
comme « une trahison fidèle ». Sorte de film « homéopathique »
(ndlr : Rémi Bézançon) à destination des futures mères, l’objectif
était de montrer qu'une naissance c'est un heureux événement,
mais c'est aussi plein d’autres choses. Choses que personne n'ose
dire par tabou, par oubli, ou par peur.
Louise Bourgoin incarne la drôle et jolie Barbara, puis devient fatiguée
et instable. Un double rôle qu’elle réussit à la perfection.
L'actrice qui n'a jamais eu d'enfant livre une prestation bouleversante
de sincérité dans ses folies, dans ses peurs, dans ses joies, et
dans la douleur. L’actrice a dû donner beaucoup d'elle-même :
« quand on est nue on ne peut pas composer donc on doit donner
beaucoup de soi-même, et lors de l'allaitement, la prothèse mammaire
était très proche de mon sein donc je ressentais en partie les
succions du bébé, c'était émotionnellement très fort pour moi ».
Dans le fond Barbara c'était un peu de composition, et beaucoup de
Louise Bourgoin: « je n’imaginais pas qu'un enfant était si prenant
corps et âme ».
Quant au film lui-même, le scénario est soigné, D’une comédie romantique,
le ton devient plus dramatique dans la seconde partie.
Mais Rémi Bézançon a l’art de ne jamais s’enfoncer dans un style
prédéfini, a tel point que chaque scène émotionnellement forte procure
à la fois un petit rire, mais aussi une profonde tristesse. En
somme comme les personnages, le spectateur passe des rires aux
larmes parfois en l’espace de quelques secondes. Mais le talent du
réalisateur est aussi d’avoir su sortir des sentiers battus et donner
une autre vision des choses : l’accouchement est à la fois poignant
et drôle, l’appartement devient une prison dès lors qu' on ne peut
plus en sortir, et un bébé se transforme en démon par ses pleurs incessants.
Bébé qui a en quelque sorte dirigé le film puisque l’équipe
de tournage a vécu a son rythme, en fonction de ses heures de
sommeil, de ses pleurs. L’enfant est le personnage central du film
mais également le plus imprévisible.
Un heureux évènement peut ainsi être vu comme un film préventif,
un film miroir, où chacun peut y mettre un peu de soi. L'épilogue laisse
d'ailleurs la possibilité d’une libre interprétation. Et à la question
de savoir si finalement le film est un heureux événement ou non,
Rémi Bézançon répond en souriant: « La fin est une nouvelle histoire
et j'en garde un souvenir euphorisant, regarder un bébé me rend
heureux et ça ma donné envie d'avoir des enfants ».
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