mardi 4 octobre 2011

Un heureux événement

Servi par des acteurs talentueux, le nouveau 
Rémi Bézançon est un film sur les réalités de la

conception d'un enfant. Évènement qui n'est pas toujours

si heureux que ça.

Barbara (Louise Bourgoin) et Nicolas (Pio Marmai) sont heureux ;

Elle l'aime, il l'aime, ils veulent fonder une famille, avoir un enfant.

Décision dont ils ne mesurent pas les conséquences. Neuf mois

avant la naissance, puis neuf mois après, Barbara va réaliser que la

maternité ce n'est pas forcement le « plus beau jour de la vie d'une

femme » comme le monde lui avait toujours prétendu. Elle va rentrer

dans une spirale infernale de fatigue, de doute, où elle devra jongler

entre son avenir professionnel qui s'assombrit, un compagnon

qu'elle voit de moins en moins, une belle-mère envahissante (Gabrielle

Lazure), et une mère avec qui elle ne s'entend pas (Josiane

Balasko).

Dans ce film le réalisateur du Premier jour du reste de ta vie, Rémi

Bézançon, dépeint sans concession les bouleversements que provoque

la naissance d'un enfant. Tiré du livre d' Eliette Abecassis, il

fait une adaptation plus colorée mais toujours autant introspective,

où les personnages sont fouillés physiquement (Les cernes de Barbara

au fil du film) et mentalement (chaque étape de la détresse du

couple est mise en valeur). Au final, l'écrivain elle-même en parle

comme « une trahison fidèle ». Sorte de film « homéopathique »

(ndlr : Rémi Bézançon) à destination des futures mères, l’objectif

était de montrer qu'une naissance c'est un heureux événement,

mais c'est aussi plein d’autres choses. Choses que personne n'ose

dire par tabou, par oubli, ou par peur.

Louise Bourgoin incarne la drôle et jolie Barbara, puis devient fatiguée

et instable. Un double rôle qu’elle réussit à la perfection.

L'actrice qui n'a jamais eu d'enfant livre une prestation bouleversante

de sincérité dans ses folies, dans ses peurs, dans ses joies, et

dans la douleur. L’actrice a dû donner beaucoup d'elle-même :

« quand on est nue on ne peut pas composer donc on doit donner

beaucoup de soi-même, et lors de l'allaitement, la prothèse mammaire

était très proche de mon sein donc je ressentais en partie les

succions du bébé, c'était émotionnellement très fort pour moi ».

Dans le fond Barbara c'était un peu de composition, et beaucoup de

Louise Bourgoin: « je n’imaginais pas qu'un enfant était si prenant

corps et âme ».

Quant au film lui-même, le scénario est soigné, D’une comédie romantique,

le ton devient plus dramatique dans la seconde partie.

Mais Rémi Bézançon a l’art de ne jamais s’enfoncer dans un style

prédéfini, a tel point que chaque scène émotionnellement forte procure

à la fois un petit rire, mais aussi une profonde tristesse. En

somme comme les personnages, le spectateur passe des rires aux

larmes parfois en l’espace de quelques secondes. Mais le talent du

réalisateur est aussi d’avoir su sortir des sentiers battus et donner

une autre vision des choses : l’accouchement est à la fois poignant

et drôle, l’appartement devient une prison dès lors qu' on ne peut

plus en sortir, et un bébé se transforme en démon par ses pleurs incessants.

Bébé qui a en quelque sorte dirigé le film puisque l’équipe

de tournage a vécu a son rythme, en fonction de ses heures de

sommeil, de ses pleurs. L’enfant est le personnage central du film

mais également le plus imprévisible.

Un heureux évènement peut ainsi être vu comme un film préventif,

un film miroir, où chacun peut y mettre un peu de soi. L'épilogue laisse

d'ailleurs la possibilité d’une libre interprétation. Et à la question

de savoir si finalement le film est un heureux événement ou non,

Rémi Bézançon répond en souriant: « La fin est une nouvelle histoire

et j'en garde un souvenir euphorisant, regarder un bébé me rend

heureux et ça ma donné envie d'avoir des enfants ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire